Les associations vosgiennes dénoncent un nouveau décès de Grand Tétras
Les associations SOS Massif des Vosges, Avenir et Patrimoine 88, Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne, LOANA, ASPA Vosges, Biodiversit’Haies 88 et Oiseaux Nature publient un communiqué pour dénoncer l’échec du programme de réintroduction du Grand Tétras dans le massif vosgien.
Un nouveau Grand Tétras relâché dans le massif vosgien vient d’être retrouvé mort. Selon les associations signataires, il ne resterait aujourd’hui qu’un seul individu dont la présence peut être attestée grâce à un signal GPS. Deux oiseaux de la première vague de réintroduction de 2024 ne sont plus localisables, et un quatrième, réintroduit ce printemps, a disparu quelques jours seulement après son relâcher.
Un salarié suit désormais un seul oiseau vivant, une situation qui, selon les associations, illustre l’absurdité d’un projet coûteux et inefficace. Des centaines de milliers d’euros ont été dépensés sans qu’aucune population viable ne soit restaurée.
Une opération dénoncée dès son lancement
Les associations rappellent que le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV) avait été alerté dès le départ sur les conditions défavorables à la survie de l’espèce.
Les habitats favorables au Grand Tétras sont désormais trop fragmentés, moins de 7 000 hectares contre les 20 000 nécessaires au minimum. À cela s’ajoute le dérangement constant dû à la circulation automobile sur la route des Crêtes et à la multiplication des loisirs de plein air. La forêt vosgienne souffre également d’un déséquilibre lié à la surdensité d’ongulés et à une sylviculture inadaptée aux besoins de l’oiseau. Enfin, le changement climatique compromet encore davantage la survie d’une espèce dépendante de l’enneigement hivernal.
Ces éléments avaient conduit le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) et le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) à rendre des avis défavorables dès l’origine du projet.
Un fiasco écologique et financier
En deux campagnes, près d’un demi-million d’euros ont été engagés. Dix-huit oiseaux ont été capturés en Norvège, deux sont morts lors de la capture, quinze sont morts ou disparus après leur relâcher, et un seul serait encore vivant.
Les associations dénoncent une « démarche adaptative » présentée comme une méthode scientifique mais qu’elles estiment être une fuite en avant, sans remise en question réelle.
Les prédateurs, nouveaux boucs émissaires
Lors du dernier comité Tétras, le Parc aurait évoqué la nécessité de réguler les prédateurs naturels comme les martres, renards ou fouines, tenus pour responsables de la disparition des œufs ou des oiseaux relâchés. La préfète des Vosges aurait même demandé à la Direction départementale des territoires d’examiner les moyens réglementaires d’une telle régulation, bien que la martre soit une espèce protégée.
Pour les associations, cette orientation est infondée scientifiquement et dangereuse pour l’équilibre écologique. Elle reviendrait à détourner la responsabilité humaine vers la faune sauvage et risquerait d’affaiblir davantage la biodiversité du massif vosgien.
Une vision dévoyée de la nature
Les associations dénoncent un projet symptomatique d’une gestion artificielle de la nature : « On dépense sans restaurer les milieux, on manipule les écosystèmes au lieu de les comprendre ».
Elles estiment que le Grand Tétras est devenu le symbole d’une politique environnementale déconnectée du terrain, qui communique davantage qu’elle ne protège.
Un appel à un moratoire et à une réorientation
Les associations demandent l’arrêt immédiat du programme de prélèvements et de réintroduction, l’abandon du projet de régulation des méso-prédateurs, ainsi qu’un redéploiement des moyens vers la restauration des habitats et la mise en place d’une politique de quiétude réelle dans le massif.
Elles réclament également un audit public et indépendant sur la gestion scientifique et budgétaire de ce programme.
Elles concluent : « Le Grand Tétras n’a pas besoin d’être réintroduit, il a besoin d’un territoire vivable. »
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